Le scandale éolien

Les livres concernant l’industrie éolienne se multiplient. L’écologiste Antoine Waechter vient de publier ‘’Le scandale éolien’’ aux Editions Baudelaire, un livre qui dénonce la prolifération de machines de plus en plus hautes et l’enlaidissement de nos paysages qui en résulte.

C’est d’abord sous l’angle de l’esthétique que l’auteur aborde le sujet : ‘’La préoccupation du beau dérange. Parce qu’elle motive une résistance à la mondialisation et à l’industrialisation qui uniformisent, effacent les identités territoriales, et déracinent les gens…….La beauté du Monde donne un sens à la vie humaine. L’Homme est l’être vivant qui dispose de l’appareil le plus perfectionné pour appréhender la réalité visible de la Terre…….Les individus s’attachent au territoire qui les a vus naître comme celui-ci plonge des racines dans l’être profond de la personne. Ce territoire est fait de paysages, de lumières, d’odeurs, d’une langue, de rythmes festifs (Noël, Pâques…)’’. Beauté et enracinement, voilà ce que l’industrialisation éolienne menace ; d’où la colère compréhensible de l’auteur : ‘’Ce livre est une révolte face à l’enlaidissement de notre pays, un appel à la mobilisation pour que notre territoire cesse d’être le terrain de jeu d’un lobby à motivation financière, et une dénonciation du scandale que représente un Etat qui se retourne contre la population qu’il est censé défendre’’.

Au-delà du massacre des paysages, nous avons beaucoup d’autres raisons de nous inquiéter de cette politique désastreuse. Tout d’abord, l’industrie éolienne n’est pas neutre du point de vue de l’environnement parce qu’elle provoque la mort de très nombreux oiseaux et chauve-souris et parce qu’elle émet des sons de basse fréquence qui ont, d’après l’équivalent allemand de notre Académie de médecine, un impact sanitaire notable sur les humains mais aussi sur les animaux sauvages et domestiques (ainsi, 300 vaches sont mortes à proximité d’un parc éolien nouvellement créé dans le nord de la Loire-Atlantique ; la production de lait des animaux a beaucoup baissé et leurs propriétaires ont eu, eux aussi, des problèmes de santé). De plus, la construction des générateurs électriques nécessite de nombreux métaux rares (les fameuses terres rares) dont l’extraction génère de graves pollutions (en Chine en particulier mais aussi dans certains pays d’Amérique du sud). Quant aux pales des éoliennes, construites en matériaux composites dont nous ne savons pas à ce jour séparer les différents constituants, elles posent un problème majeur en Allemagne où les pales usagées s’entassent ; les socles en béton sur lesquels sont installées les machines (400 à 600 tonnes de béton et 50 tonnes d’acier par machine) resteront, eux, en place.

La production annuelle d’une éolienne équivaut à l’énergie produite à pleine puissance par la machine pendant 22% du temps seulement (les machines tournent plus que 22% du temps mais, le plus souvent, à charge partielle) ; l’électricité éolienne, comme l’électricité photovoltaïque sont des énergies intermittentes, ce qui implique que des centrales électriques classiques de même puissance (fonctionnant au gaz, au fioul ou au charbon) puissent être mises en service très rapidement quand le vent faiblit, ce qui alourdit considérablement l’investissement ….et la production de CO2 quand on a abandonné la production d’énergie électrique d’origine nucléaire, comme c’est le cas en Allemagne ! Depuis qu’elle a décidé de remplacer cette dernière par celles d’origine éolienne et photovoltaïque, naturellement intermittentes,    l’Allemagne est devenue le plus gros émetteur de CO2 en Europe. Nous constatons une dérive du même type en France depuis que nous installons massivement des éoliennes. Selon Antoine Waechter, entre 2014 et 2017, la puissance des sources d’énergie renouvelable a augmenté de 47% en France mais les émissions de CO2 liées à la production d’électricité ont augmenté de 75%. ‘’A ce compte, le nucléaire est cinq fois plus favorable que l’éolien pour lutter contre la dérive du climat’’.

Fabien Bouglé, qui est l’auteur du livre intitulé ‘’Eoliennes’’ ( Editions du Rocher – 2019) a écrit à ce sujet : ‘’En intégrant le fait qu’une éolienne ne fonctionne qu’une partie de son temps, Kevan Saab calcule le bilan carbone à 59 g eqCO2/ Kwh (équivalent CO2 par kilowattheure) produits pour la première (éolienne de 850 Kw) et à 52 g eqCO2/ kwh pour la seconde (éolienne de 3000 Kw). Ainsi les éoliennes sont-elles émettrices de gaz à effet de serre, pour leur fabrication, leur conception et leur installation. Il est donc faux de dire qu’elles sont parfaitement vertes. A titre de comparaison, le bilan carbone des centrales nucléaires ou hydroélectriques est fixé à seulement 6g eqCO2/ Kwh. Tandis que celui des sources d’électricité qui viennent en complément des éoliennes lorsqu’elles ne tournent pas est à 1060 g eqCO2/ Kwh pour le charbon, 730 g eqCO2/ Kwh pour le fioul ou encore 418 g eqCO2/ Kwh pour le gaz’’. Ces chiffres permettent de comprendre la position prise, en octobre 2018, par le GIEC lequel souhaite une multiplication par 5 des capacités de production d’énergie nucléaire.

La durée de vie des éoliennes est de 20 ans mais leur puissance électrique diminue rapidement après 10 ans du fait de l’érosion des pales (à comparer avec la durée de vie des centrales nucléaires : 60 ans).

Contrairement à ce qui a été dit par ses partisans, l’industrie éolienne génère peu d’emplois. ‘’Le syndicat des énergies renouvelables annonce 15990 emplois liés à la filière éolienne en France, soit 4042 emplois dans le développement et les études, 3884 dans la fabrication (essentiellement entre les mains allemandes et danoises), 4776 dans l’ingéniérie et l’installation, 3165 dans l’exploitation et la maintenance. La France ne compte aucun fabricant d’aérogénérateur….’’.

Enfin, cerise sur le gâteau, l’énergie électrique est difficilement stockable. Les batteries électriques coûtent très cher, sont encombrantes et leur fabrication nécessite l’extraction très polluante de matériaux tels que le lithium qui provoque de véritables catastrophes environnementales dans les zones concernées (mais elles sont situées loin de chez nous ! Fabien Bouglé a écrit à ce sujet : ‘’Un récent rapport d’avril 2019 de l’Institut 35 de l’université de technologie de Sydney pointe du doigt les terribles effets environnementaux et humains liés à l’extraction des terres rares et souligne ce paradoxe que, pour contribuer à la sauvegarde de l’environnement par les énergies renouvelables, il faille participer à sa destruction’’). Leur obsolescence est rapide et leur recyclage est difficile et coûteux. Le stockage hydraulique (pompage d’eau vers des réservoirs situés en hauteur) est exclu en France où tous les sites se prêtant à un tel stockage sont déjà utilisés. De toute façon, s’il y avait encore des sites disponibles, il faudrait pomper de l’eau dans la Méditerranée pour la remonter en altitude dans les zones montagneuses ; les frais de pompage (énergie) et de maintenance (corrosion liée à l’eau de mer) seraient considérables. Reste la possibilité de construire des réservoirs gigantesques (parce que situés à faible altitude) d’eau de mer le long des côtes mais leur coût et les dommages causés à l’environnement par de telles infrastructures sont rédhibitoires. De tels équipements de stockage, s’ils étaient associés à un parc éolien suffisant pour couvrir la totalité de nos besoins en électricité, provoqueraient (selon le professeur d’énergétique à l’Ecole des Mines de Paris, Jean-Marc Jancovici) une multiplication par dix du coût de cette dernière ! Autant dire que c’est impensable. Comme le disait J.M. Jancovici le 13 décembre 2019 à Eugénie Bastié (FigaroVox), il est urgent de mettre un terme à la folie éolienne et d’utiliser l’argent économisé en finançant des actions utiles (isolation, remplacement des chaudières à fuel par des pompes à chaleur…) et surtout ne pas s’inspirer du « modèle » de transition énergétique allemand qui a fait fiasco. Antoine Waechter écrit : ‘’Le Danemark et l’Espagne ont mis un terme au développement des aérogénérateurs. L’Allemagne réduit la voilure. La Pologne refuse de s’y engager. A contre-courant, la France accélère alors que l’éolien ne lui apporte rien’’ et Fabien Bouglé ajoute : ’’Depuis 2015, on assiste d’ailleurs à un ralentissement mondial des nouvelles installations d’éoliennes, installations qui sont passées de 63,6 gigawatts en 2015 à 51,3 gigawatts en 2018, soit une baisse de presque 20% en trois ans. En Europe, la puissance installée en 2018 a chuté de 33% par rapport à 2017, passant de 17,1 gigawatts installés en 2017, à seulement 11,7 gigawatts en 2018. Plus spectaculaire, avec seulement trente-cinq éoliennes installées au premier semestre 2019, l’Allemagne connaît une baisse record de 82% de la puissance installée par rapport au premier semestre de 2018. C’est un véritable effondrement, le signal d’une décrue évidente’’. Nos politiques mettent en œuvre une solution technique que nos voisins ont expérimentée et qui ne fonctionne pas, une solution qui ne permet pas de surmonter les problèmes liés à l’intermittence du vent et du soleil du fait de l’inexistence des capacités de stockage nécessaires.

Philippe de Villiers déclarait à ce sujet à Boulevard Voltaire le 11 décembre 2019 :‘’ Tous les plans départementaux et régionaux qui existaient ont été retoqués par la justice. Désormais, c’est l’anarchie légale. N’importe qui fait n’importe quoi. Les promoteurs sont dans la situation du renard libre dans le poulailler libre avec des circuits de financements opaques. On ne sait plus qui fait quoi. Il n’y a plus de règles, plus de lois, plus de plans et plus de zones d’implantation…….. Cette question des éoliennes laisse affleurer une vaste opération mensongère dénuée de toute transparence et aux intérêts cachés. Le business des éoliennes ne fait pas que brasser de l’énergie, il brasse aussi beaucoup d’argent. Les commissaires enquêteurs qui donnent toujours un avis favorable sont payés par le maître d’ouvrage. Il est grand temps que les Français se tournent vers leurs élus et leur disent « D’où vient cet argent, où va-t-il ? Pourquoi cette folie des éoliennes ? »’’.

P. de Villiers a raison de souligner l’intérêt que portent tous les « affairistes » à cette industrie qui, à la différence du nucléaire, est à la portée, des gros bien sûrs, comme Engie, mais aussi de beaucoup plus petits investisseurs. Autour de cette activité, tournent tous les requins, gros et petits, y compris ceux de Cosa Nostra. Fabien Bouglé a écrit : ‘’Alors que Nicolas Hulot, lors de sa démission, a dénoncé la présence des lobbies au sein des cercles de pouvoir, l’affaire des dîners de François de Rugy, son successeur au ministère de l’Ecologie, a révélé que parmi les invités se trouvaient un certain nombre de lobbyistes de l’énergie, en particulier des représentants d’Engie, entreprise très investie dans l’installation d’éoliennes terrestres ou côtières. Dans le domaine des éoliennes, la confusion voire la collusion sont totales entre élus, lobbyistes, ONG ou associations environnementales, et promoteurs’’.

En résumé, l’industrie éolienne n’a pas prouvé qu’elle est une solution pertinente de l’équation énergétique, bien au contraire, mais en plus elle dénature nos paysages, nuit à la santé des humains et des animaux et crée un climat d’affairisme malsain, lié parfois aux milieux criminels, et de corruption des élus.

BG
Author: BG

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