L’INRAP a publié les conclusions des recherches menées dans le cadre du projet « Ancestra » qui avait pour objectif de déterminer les origines de la population française, en utilisant les techniques nouvelles et des découvertes récentes apportées par les paléo-généticiens et en s’appuyant sur les connaissances accumulées par les archéologues.
Il apparaît que, depuis l’invasion yamnaya qui eût lieu à l’âge du bronze, la population de ce qui est la France n’a pas fondamentalement changé ; jusqu’à la fin du XXe siècle. Cette invasion de l’Europe occidentale par des populations d’éleveurs nomades venues des steppes situées au nord de la Mer noire et de la Mer caspienne, dites Yamnayas, a été très brutale et s’est traduite par l’élimination d’une part substantielle des hommes autochtones . Ce qui expliquerait le fait qu’une très forte proportion des chromosomes Y (qui déterminent le sexe masculin) des Européens de l’ouest soient du type R1b (un haplogroupe dont l’origine est yamnaya). Des traces archéologiques de cette élimination brutale ont été trouvées récemment dans la région des Pyrénées françaises ; les migrations ne se passent jamais pacifiquement, contrairement à ce que veut nous faire croire l’oligarchie qui est favorable à l’immigration.
Notons que contrairement à ce que disait la théorie selon laquelle les Celtes, dont le foyer originel aurait été l’Europe centrale, avaient conquis ce qui allait devenir la Gaule en amenant avec eux la civilisation du fer, il semble que la transition de la civilisation du bronze à celle du fer soit une évolution culturelle. Ceci conforte la thèse de Jean-Louis Brunaux selon lequel il n’y a pas eu de migration des Celtes d’est en ouest mais, au contraire, d’ouest en est, très tôt vers le nord de l’Italie puis jusqu’en Grèce et en Anatolie (royaume des Galates) et celle des archéologues britanniques et irlandais qui disent depuis des décennies que, contrairement à ce qu’écrivait encore en 2000 Venceslas Kruta dans son dictionnaire intitulé ‘’Les Celtes’’ et longtemps avant lui Henri Hubert, il n’y a aucune trace d’invasion dans les îles britanniques à l’âge du fer. La civilisation dite celtique serait donc née à l’extrême-ouest de l’Europe et tout particulièrement en Gaule.
Au Néolithique, les génomes de la population de ce qui allait devenir la France étaient constitués du legs des chasseurs cueilleurs occidentaux (hommes de Cro Magnon) et de celui des agriculteurs anatoliens qui avaient migré vers l’ouest en apportant avec eux la civilisation agricole néolithique. A ces deux héritages principaux était associé un zeste de gènes néanderthaliens (quelques pourcents ; 1 à 2% de nos jours). A compter de l’invasion yamnaya de l’âge du bronze, une quatrième composante apparaît dans les génomes d’Europe du nord, du centre, puis de l’ouest : celui des Yamnayas.
Sur la carte figurant ci-dessous, le professeur Oleg Balanovsky de l’Institut Vavilov de génétique (Moscou) a porté les pourcentages de gènes d’origine yamnaya dans les génomes des Européens contemporains.
On voit que le pourcentage de ces gènes diminue du nord-est au sud-ouest de l’Europe ; ce sont les populations russes et scandinaves qui ont les héritages génétiques yamnayas les plus importants et celles d’Italie, de Suisse, de Grèce et de la moitié sud de l’Espagne qui ont les plus faibles (moins de 5% en Corse, en Sardaigne et en Sicile).
Compte tenu du nombre de leurs habitants, c’est en Russie, Biélorussie, Ukraine et Pologne qu’il y a la plus grande « masse » de gènes d’origine yamnaya (ces derniers constituent 40 à 50% des génomes des habitants de ces pays). En Allemagne, le pourcentage de ces gènes varie beaucoup du nord-est au sud-ouest : de 50% à 25%.
Quant aux Français contemporains, leurs génomes sont constitués de 25% à 40% de gènes d’origine yamnaya, soit en moyenne un tiers. On ne peut donc pas dire que nous soyons de « purs Indo-Européens », ce qui n’est d’ailleurs le cas d’aucune population européenne. Elles sont toutes mixtes, dans des proportions variables, de moins de 5% à un peu plus de 50% dans le nord de la Scandinavie et dans le sud de la Finlande qui sont peuplées de populations parlant des langues finno-ougriennes (lapon et finnois). Le mythe d’une Europe qui aurait été repeuplée par les nomades Yamnayas (lesquels auraient été les locuteurs de la langue indo-européenne primitive, ce qui est possible mais pas encore certain ; le débat n’est pas clos) après l’extermination totale, ou presque, des occupants précédents est désormais sans fondement.
Pour plus d’informations : https://www.inforepublica.fr/2020/07/03/article-6/
https://www.inrap.fr/sites/inrap.fr/files/atoms/files/10.1073pnas.1918034117.pdf
Une réponse sur “Les origines lointaines du peuple français”