En septembre 2019, les amis de Marion Maréchal ont organisé un colloque qui avait pour objectif d’amener les différents courants de « la droite » à débattre et, au-delà, de les inciter à se fédérer au sein d’une future union des droites. Notons tout d’abord que cette tentative a échoué puisque le principal parti de « droite », le Rassemblement National, n’y était représenté que par des observateurs présents à titre personnel et que seuls des partis et mouvements marginaux ont répondu à l’appel. Depuis, cette initiative est restée sans suite ; il est évident que l’union des droites ne va pas de soi parce que la droite est très hétérogène. Par ailleurs, comme nous le verrons ci-dessous, les droites ne sont pas majoritaires ; on peut donc légitimement se demander si l’union des droites est une bonne idée.
Clivage droite/gauche : une illusion ?
Contrairement à ce qui se dit parfois, le clivage droite/gauche n’est pas apparu au moment de l’affaire Dreyfus ; de toute évidence, il est né dès le début de la Révolution française (à l’Assemblée, les partisans du veto royal siégèrent à la droite du roi). Pour Napoléon Bonaparte, l’existence de ce clivage, les Blancs et les Bleus selon lui, ne faisait aucun doute. Au cours d’une conversation avec le général Bertrand, le 18 juin 1819, pendant son exil à Sainte-Hélène, il dit à ce dernier : ‘’il n’y a en France que deux choses : la Révolution et la Contre-Révolution, l’Ancien et le Nouveau régime, les privilèges et le Peuple […]. Ainsi, en dernière analyse, il n’y a que deux partis. D’un coté, les ultras, de quelque dénomination qu’on les affuble ; de l’autre les hommes de la Révolution. Les Blancs et les Bleus’’. Bien évidemment, il se rangeait du côté des Bleus et, pour lui, quiconque n’était pas un Bleu était nécessairement un Blanc.
On entend fréquemment parler d’une ‘’vraie droite’’ qui serait opposée à une ‘’fausse droite’’. Mais de quoi parle-t-on ? S’il y a une vraie droite c’est que cette droite là serait détentrice d’idées immuables depuis qu’il existe une droite, c’est-à-dire depuis 1789. Or, la droite de 1789 était royaliste et il n’en reste que très peu de représentants. Toutes les autres droites seraient donc, en fait, des gauches, comme l’a écrit Jacques Anisson du Perron en 1990 !
Et des droites, il y en eut depuis 1789 ! Monarchienne, légitimiste, contre-révolutionnaire, orléaniste, bonapartiste, républicaine nationaliste ou conservatrice, conservatrice catholique, royaliste-nationaliste, gaulliste, libérale….. Toutes ces droites sont très différentes les unes des autres et, dans beaucoup de cas, elles ne partagent rien au plan philosophique mais elles ont en commun d’être en désaccord avec les gauches sur des points plus ou moins importants ; leurs associations temporaires ont été provoquées par la montée en puissance d’adversaires communs. Ces associations ont été essentiellement des associations « contre ».
De nombreuses droites avaient été précédemment des gauches, ainsi, les libéraux ont été repoussés à droite lors de l’apparition des mouvements socialiste puis communiste ; ils ne partageaient que leur opposition au socialisme et au communisme avec les autres droites. De même le bonapartisme, qui émergea du jacobinisme, passa à droite pour les mêmes raisons. Le danger socialo-communiste ayant disparu, les libéraux de droite se sont tournés, après 1989, vers les libéraux de gauche avec lesquels ils partagent presque tout au plan idéologique et depuis 2017, ils se sont rassemblés autour d’Emmanuel Macron ce qui a fait penser à certains qu’il n’y avait plus de clivage droite/gauche mais, en fait, comme l’a bien compris Mathieu Baumier, en disparaissant au centre, ce clivage réapparaît ailleurs, entre nationaux-populistes d’une part, et progressistes, d’autre part, pour employer le vocabulaire d’ E. Macron.
Il n’y a pas d’essence de la droite et comme l’a écrit Jacques Julliard, la droite est une ‘’non-gauche’’ ; pour les gens de gauche, quiconque n’est pas de gauche est de droite et cela ne change pas, quoiqu’en pensent ceux qui rêvent de l’effacement de ce clivage lequel s’est, il est vrai, estompé (provisoirement sans doute parce que ceux qui s’auto-désignent comme étant de gauche ne cessent de le réactiver) depuis la disparition de l’URSS et de la plupart des partis communistes occidentaux. Le clivage droite/gauche était en fait depuis 1920 un clivage communisme/anticommunisme qui ne pouvait survivre aux révélations qui ont suivi l’effondrement du bloc soviétique. Certains semblent penser que ce clivage va définitivement disparaître et se disent « ni de droite, ni de gauche » ou bien encore « et de droite et de gauche » (tout en affirmant simultanément que la droite et la gauche sont des illusions !), mais la gauche ne s’y trompe pas, elle sait bien, elle, que ceux qui cherchent à entretenir la confusion sont de droite (1) !
Vers un nouveau clivage droite/gauche
La gauche n’ayant pas réussi à trouver de solution satisfaisante à la question sociale et ayant, de ce fait, perdu son électorat populaire autochtone, elle s’est recentrée, d’une part, sur le fédéralisme européen, conçu comme une étape vers l’unification et l’homogénéisation d’une humanité indifférenciée et, d’autre part, sur la défense de toutes les minorités (sexuelles notamment mais pas seulement) dont les immigrés qui font figure, pour certains, de prolétariat de substitution. Compte tenu de cette nouvelle donne, le nouveau clivage droite/gauche qui est en cours de formation passera entre les partisans d’une humanité différenciée et ceux qui oeuvrent à son homogénéisation. D’une part ceux qui veulent que perdurent les nations, les cultures, les civilisations, les langues, les traditions d’un très grand nombre de peuples, d’autre part ceux qui veulent araser toutes les spécificités et arracher les individus à leurs communautés d’appartenance comme l’a exprimé clairement Vincent Peillon.
C’est à un grand changement que nous assistons mais ce n’est pas la première fois qu’un tel bouleversement du clivage politique a lieu. Depuis 1789, le clivage droite/gauche a changé de nature à plusieurs reprises. Il sépara tout d’abord les partisans de la monarchie et ceux de la « république », de 1789 à 1875, puis, la monarchie et l’empire n’ayant plus guère de partisans, le clivage droite/gauche devint la ligne de front entre les partisans d’une société catholique et leurs adversaires laïques et anticléricaux. Enfin, à partir de 1920 et alors que la question religieuse n’était plus d’actualité, ce fut la position par rapport au communisme qui structura le clivage droite/gauche, jusqu’en 1990 ; nous sommes depuis lors dans une phase de remplacement de ce troisième clivage par un autre. Le clivage droite/gauche ne va pas disparaître mais il est en train de changer de nature et ce changement s’accompagne d’une refonte totale du paysage politique, les libéraux qui s’étaient associés aux « conservateurs » par anticommunisme ayant réintégré, en grande partie, le bercail progressiste lequel a pris les couleurs du macronisme. La « droite de gouvernement », qui n’était qu’un rassemblement hétéroclite d’antisocialistes et d’anticommunistes fortement imprégnés d’idéologie libérale, a perdu une grande partie de ses militants et de ses électeurs et n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut. Elle a perdu sa place d’opposant principal aux gauches qui lui a été ravie par le Rassemblement National et elle ne peut désormais revendiquer à aucun titre une quelconque suprématie au sein de ce qui n’est pas la gauche. Eric Zemmour a sans doute raison de penser que la « droite de gouvernement » est morte et qu’elle n’est plus qu’un parti de notables qui, tel le parti radical dans le passé, continuera d’exister pendant longtemps encore au plan local mais n’aura plus d’importance au plan national.
La droite est une non-gauche(2), un ensemble hétéroclite dont la tendance à l’union n’est pas le caractère le plus évident, loin s’en faut! L’histoire des droites illustre parfaitement cette réalité têtue. Plutôt que de la droite, il faut parler des droites car il n’y a pas d’essence de la droite, il n’existe pas de principe essentiel qui serait commun à tous les courants politiques classés à droite (par les gens de gauche, c’est-à-dire par les « progressistes »). Bien que les différentes droites aient pu parfois partager certaines analyses ou certains objectifs, les principes centraux de la droite légitimiste ne sont pas ceux de la droite nationaliste, ceux de la droite bonapartiste ne sont pas ceux de la droite libérale, ceux de la droite conservatrice catholique ne sont pas ceux des néo-païens de la Nouvelle Droite…… Les convergences entre les droites sont toujours circonstancielles. Il n’en va pas de même du côté gauche, où des idées issues, pour la plupart, de la Révolution française constituent une trame idéologique commune. L’idée de progrès, l’idée de la nécessaire émancipation des individus par rapport aux communautés de toutes natures, l’idée de la nécessaire disparition des différences autres qu’interindividuelles, l’idée d’égalité naturelle et celle d’un monde unifié et sans frontières…..sont présentes partout à gauche, depuis la gauche libérale jusqu’à l’extrême-gauche. Il y a beaucoup moins de différences entre les différentes gauches qu’il n’y en a entre les différentes droites ; cette réalité peut sembler désespérante mais nous devons en tenir compte.
Aussi longtemps que des gens se définiront comme étant de gauche, ils accuseront leurs adversaires d’être de droite, voire d’extrême-droite, mais nous ne sommes pas obligés pour autant d’aller dans leur sens en faisant du mot « droite » une vache sacrée. Dans l’état actuel des choses, la revendication d’une appartenance à la droite ne présente aucun intérêt ; elle est même contre-productive dans la mesure où elle est susceptible de freiner le basculement, vers les « nationaux-populistes », des électeurs des couches populaires qui votaient pour des candidats de gauche (selon un sondage, 53% des électeurs de LFI étaient tentés, au début de 2020, par le vote en faveur du RN) et de ceux qui ne votent pas.
Droite / gauche : la grande confusion
L’étude « Fractures françaises 2019 »(3) indique que nos compatriotes ne s’y retrouvent plus et ont du mal à désigner ce qui serait clairement de droite de ce qui serait clairement de gauche. Cette étude indique que 16% seulement des Français se disent de droite tandis que 34% se disent « du peuple » et 17% de gauche, 12% du centre, 5% nationalistes, 4% patriotes, 3% libéraux, 3% progressistes, 3% révolutionnaires, 1% conservateurs, 1% réactionnaires et enfin 1% souverainistes. Notons que les électeurs qui se définissent comme étant de droite votent essentiellement pour LR (69% des électeurs de ce parti) tandis que 27% seulement des électeurs du Rassemblement National se définissent comme tels (parmi les électeurs de ce dernier, 30% se disent du peuple, ce qui est le taux le plus élevé parmi les électeurs ayant une préférence partisane, 23% se disent nationalistes et 10% patriotes). Il est intéressant de noter que parmi les électeurs qui n’ont pas de préférence partisane, 57% se disent « du peuple » et 5% seulement se disent de droite (10% centristes, 5% de gauche, 3% nationalistes, 4% patriotes, 3% progressistes, 5% révolutionnaires, 2% conservateurs et 1% souverainistes). Cette dernière catégorie recouvre très largement celle des abstentionnistes qualifiés d’ « antidémocrates » dans une étude de la Fondation Jean Jaurès (voir ci-dessous), une catégorie flottante qui pourrait faire basculer l’échiquier politique si elle se mobilisait mais qui ne se rallierait certainement pas à une union des droites. On comprend bien à la lecture de ces chiffres que le Rassemblement National n’a aucun intérêt à s’afficher comme étant de droite, conservateur ou libéral puisque son réservoir de voix se situe du côté de cette large frange qui n’a pas de préférences partisanes et qui ne se sent ni de droite, ni conservatrice, ni libérale.
Les partisans d’une éventuelle union des droites entendent placer celle-ci sous la bannière du conservatisme libéral, ce qui, au vu de l’étude d’opinion IPSOS évoquée ici est une ineptie ; 3% des électeurs de LR se considèrent comme conservateurs et 4% comme libéraux mais parmi ceux du RN, il n’y a pas du tout de conservateurs et 3% seulement de libéraux. Il est évident qu’une éventuelle coalition opposée aux progressistes (de Macron à Mélenchon) ne peut utiliser ces mots là et au-delà des mots ne peut espérer rassembler largement en utilisant la thématique libérale-conservatrice. Le projet d’union des droites repose sur une base sociologique et politique beaucoup trop étroite pour espérer dépasser le score étique de François-Xavier Bellamy en 2019.
Pour autant, il ne serait pas plus pertinent d’opposer l’idée d’une union des populistes de droite et de gauche à celle de l’union des droites ; l’union des partis dits « populistes » (RN et LFI) est tout simplement impossible du fait de la très grande différence de leurs positions respectives quant à l’attitude à adopter en matière de politique migratoire et de l’incompatibilité de leurs univers mentaux . Depuis 2017, Mélenchon a adopté un discours extrêmement favorable aux immigrés et à l’immigration ; l’idée d’un rapprochement entre LFI et le RN est désormais absurde.
Par ailleurs, comme l’a dit Patrick Buisson, une union de certaines droites (une moitié de LR, DLF, PCD, RPF….) pourrait éventuellement constituer une partie d’une coalition anti-progressiste mais elle ne peut pas en être la totalité. L’électorat actuel de la droite LR est pour une moitié un électorat âgé qui se préoccupe d’abord de la stabilité à court terme de notre société et de la protection de ses avoirs plus que des conséquences de l’immigration ou de l’avenir à moyen ou long terme. Cette partie là ne prendra jamais le risque de la plongée dans l’inconnu ; elle préfère la continuité « centriste » (macronienne aujourd’hui) même si elle désapprouve la politique migratoire de l’actuel gouvernement. Reste l’autre moitié qui pourrait rejoindre un jour une telle coalition, mais ce contingent ne peut être qu’une force d’appoint, qui pourrait certes être très utile.
La pérennité de la nation comme axe d’une coalition « nationale »
La volonté de conservation de la nation et de la culture françaises, le rejet du multiculturalisme et de l’ouverture à tous les flux (démographique, économique…), la solidarité nationale réservée aux citoyens français et le rétablissement de la sécurité sont les seuls éléments autour desquels pourrait se rassembler une majorité de la population.
Il est évident que les électeurs habituels des partis dits de droite (RN, DLF, LR) ne peuvent constituer une majorité à eux seuls. Dans le meilleur des cas, ils peuvent espérer rassembler 40% des Français (4). Pour atteindre la barre des 50%, il faudra trouver un appoint et cet appoint il se situe essentiellement du côté des abstentionnistes qui ont été récemment qualifiés d’ « antidémocrates ». Une coalition susceptible de réunir une majorité autour de cet axe ne peut être strictement de « droite » et encore moins conservatrice ou « libérale-conservatrice ». Tous ceux qui s’enferrent dans la voie de l’union des droites et dans celle de la promotion d’un libéral-conservatisme qui est voué à rester marginal perdent de vue l’essentiel, à savoir le sauvetage de la nation, de la culture et du mode de vie français. C’est la France qu’il faut sauver, pas la droite.
Antidémocrates et abstentionnistes
La Fondation Jean Jaurès a publié en septembre 2019 (5) une analyse concernant les 36% de Français qui considèrent que ‘’d’autres systèmes politiques peuvent être aussi bons que la démocratie’’ (la question est posée chaque année dans le cadre du sondage annuel « Fractures françaises »). Ces 36% de Français (17 millions !) ont été baptisés « antidémocrates » par la dite fondation sans que l’on sache ce qu’ils pensent vraiment. Sont-ils hostiles à la démocratie ou plus vraisemblablement au régime représentatif ?
On comprend la raison pour laquelle un nom d’oiseau de mauvaise augure leur a été attribué quand on sait que la moitié des électeurs de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle de 2017 appartenaient à cette catégorie. En effet, 31% de ces « antidémocrates » ont voté pour elle.
58% des ouvriers, 50% des Français qui ont des revenus inférieurs à 2000 € et 49% de ceux qui se définissent comme défavorisés appartiennent à cette caste de « lamentables » (Hillary Clinton). C’est aussi à cette catégorie qu’appartiennent sans nul doute la plupart des Gilets Jaunes et de ceux qui les ont soutenus jusqu’au bout. Nous savons que cette frange de la population est indifférente aux thèmes sociétaux (PMA, GPA…), très critique à l’égard du libéralisme économique, protectionniste et méfiante à l’égard de la droite qu’elle considère comme le parti des riches. Autant dire qu’elle ne sera pas séduite par une éventuelle union des droites, et encore moins si celle-ci brandit la bannière libérale-conservatrice. Mais on sait aussi, que dans ce segment de la population, le refus de l’immigration et l’enracinement territorial et culturel sont très puissants. Si, comme les gens de droite le pensent (sondage Odoxa du 1er octobre 2019), l’immigration est le problème essentiel, alors les droites auront besoin de ces « antidémocrates » pour accéder au pouvoir mais, encore une fois, cela ne pourra pas se faire sous la bannière du libéral-conservatisme.
Si 31% d’entre eux ont voté pour MLP en 2017, au second tour, 46% se sont abstenus, soit 7,9 millions, les deux tiers des abstentionnistes. De plus une grande partie des votes blancs ou nuls peut sans nul doute leur être attribuée (950 000 au premier tour).
On peut déduire de ces données, que ces « antidémocrates » sont hostiles au système politique en place et qu’une moitié d’entre eux, au moins, refusent de voter pour les partis politiques existants. Marine Le Pen leur doit la moitié de son score de 2019 (5,3 millions de suffrages, ce qui est beaucoup plus que les 1,9 millions de votes obtenus par la liste menée par F.X. Bellamy en 2019) ; elle a donc raison de maintenir sa ligne, parce que les « libéraux-conservateurs » sont beaucoup moins nombreux que les dits « antidémocrates ». Réussira-t-elle à convaincre ces 7,9 millions, au moins, de citoyens qui refusent, à ce jour, le système en bloc, RN inclus, ou faudra-t-il qu’apparaisse une nouvelle formation ou un personnage charismatique et « neuf », n’ayant jamais appartenu à l’extrême-droite et n’ayant pas de liens avec la famille Le Pen, pour qu’ils consentent à voter ? C’est possible mais pour cela, il faudrait que ce personnage puisse séduire simultanément les électeurs du RN (cela ne pourra se faire sans un accord avec ce dernier), ceux de DLF , ceux de LR (tout du moins la moitié qui rejette le macronisme), les sympathisants des partis de la « droite hors les murs » et, en même temps, les « antidémocrates » abstentionnistes. Pour cela, il lui faudra éviter de se placer sous la bannière de l’union de la droite parce que les références à la droite (et plus encore au « libéral-conservatisme ») ne peuvent que faire fuir une grande partie de l’électorat du RN et la quasi-totalité des abstentionnistes « sans préférence partisane ».
Un candidat « alternatif » incarnant l’intérêt national et l’autorité
En guise de conclusion, il faut retenir que la droite est un agrégat hétéroclite constitué de tous ceux que la gauche désignent comme étant de droite et que le clivage droite/gauche est en train de renaître entre les mondialistes et les nationaux mais ce processus n’a pas encore abouti ce qui génère un grand trouble parmi les électeurs dont une bonne partie ne sait plus très bien ce que signifient droite et gauche. Ce clivage a un sens pour la moitié la plus politisée des Français (selon le politologue Thomas Guénolé une moitié de nos compatriotes seraient vraiment « politisés ») et beaucoup moins, voire pas du tout, pour l’autre moitié. Brandir l’étendard de la droite ne présente donc aucun intérêt du point de vue électoral, dans l’état actuel des choses (6) et les partis étiquetés « de droite » (RN, LR et DLF) ne peuvent rassembler une majorité sans force d’appoint ; or la seule force d’appoint envisageable, est méfiante à l’égard de la droite et des partis politiques.
La stratégie d’union des droites ne permettrait pas l’élection d’un Président résolu à mettre un terme à la politique de démolition de la France menée par le libéral Macron (après le socialiste libéral Hollande, le libéral Sarkozy….). Seule une stratégie de « rassemblement des nationaux » visant à agréger les votes des électeurs des partis de droite (tout du moins de ceux pour lesquels l’avenir de la France est plus important que la défense de leurs intérêts personnels), ceux des électeurs des partis de gauche qui sont excédés par l’immigration, l’insécurité, la délinquance… et ceux des abstentionnistes méfiants à l’égard des partis politiques et indifférents au clivage droite/gauche pourrait permettre de l’emporter . Pour cela, il faut un candidat qui ne soit pas issu d’un parti politique, une personnalité « alternative » qui puisse incarner l’intérêt national et l’autorité de l’Etat.
- Comme l’a écrit Jacques Julliard, ce sont les gens de gauche qui décident qui est de droite et qui est de gauche. Quoi que fassent ceux qui ne veulent pas porter la marque infamante « droite », si les gens de gauche décident de la leur attribuer, ils ne peuvent rien y faire. Sur ce sujet, le philosophe anglais Roger Scruton a écrit : « Ceux qui se définissent comme « étant de gauche » croient que les opinions et mouvements politiques se répartissent de gauche à droite et que, dans la mesure où une personne n’est pas à gauche, elle est forcément à droite ». Autant dire qu’aussi longtemps qu’il y aura des gens de gauche, il y aura une gauche et une droite et de ce fait un clivage droite/gauche qui, depuis deux siècles, n’a cessé de disparaître avant de renaître ailleurs (c’est ce qui s’est passé entre 1990 et 2019).Le philosophe Alain qui était le philosophe du parti radical a dit : « Quand on me demande si la coupure entre gauche et droite a encore un sens, la première chose qui me vient à l’esprit, c’est que l’homme qui pose cette question n’est certainement pas un homme de gauche ! ». Les stratégies d’évitement du genre « ni droite, ni gauche » ou « et droite et gauche » sont inopérantes. Tout ce qui déplaît aux gens de gauche est nécessairement de droite !
- ‘’En somme la gauche se définit par ce qu’elle est : le parti de la Révolution ; la droite par ce qu’elle n’est pas. D’où un déficit conceptuel fondamental et définitif. La gauche est la gauche ; la droite est une non-gauche’’ (Jacques Julliard, ‘’Les gauches françaises’’, page 196 ).
- https://www.ipsos.com/sites/default/files/ct/news/documents/2019-09/fractures_francaises_2019.pdf
- Le sondage IFOP du 21 juin 2020 qui est le premier sondage relatif à la présidentielle de 2022 va dans ce sens. Selon ce sondage, le RN obtiendrait 28% des voix, LR 11% et DLF 6% soit un total de 45% dont il faut déduire une moitié des électeurs de LR qui sont des centristes, c’est-à-dire des libéraux très hostiles au RN et proches de Macron. Les électeurs qui ne sont ni communistes, ni socialistes, ni écologistes (ceux de EELV) ni libéraux (LREM, MODEM, UDI, LR en partie), ne sont donc qu’environ 40% et 30% seulement chez les 18 – 24 ans (28% de ces derniers voteraient pour le RN, 2% pour DLF et 0% pour LR lequel compte moins de 500 militants dans cette tranche d’âge en 2020).
- https://jean-jaures.org/nos-productions/fractures-francaises-2019-focus-sur-les-anti-democrates
- Le sondage IFOP du 22 juillet 2020 indique que 39% des Français se considèrent comme étant de droite mais, comme le montre ce sondage, ils sont nombreux à voter pour Macron et même pour Mélenchon ! La droite n’est pas majoritaire, loin s’en faut. La stratégie de rassemblement des droites est une impasse dans l’état actuel des choses.