Wokisme, une nouvelle folie occidentale !

L’Occident n’en finit pas de générer des idéologies folles ; avec le « wokisme », on atteint les sommets de l’absurdité. Jean-François Braunstein, qui est professeur de philosophie contemporaine à la Sorbonne, a publié un livre intitulé « La religion woke », qui est particulièrement éclairant sur cette nouvelle dinguerie venue d’outre-Atlantique. Par ailleurs, la sociologue du CNRS Nathalie Heinich a examiné de près le wokisme et a livré le résultat de ses réflexions dans son dernier ouvrage : « Le wokisme serait-il un totalitarisme ? ».

Le mot « woke » est un mot de la langue populaire afro-américaine qui signifie « éveillé » mais il peut être rapproché de la notion d’éveil qui est omniprésente dans l’histoire religieuse des États-Unis. Quant à la « cancel culture » ou « culture de l’annulation », qui est la doctrine de l’activisme « wokiste », elle vise à « annuler » les adversaires des théories « wokistes » par tous les moyens y compris les plus abjects.

Le « wokisme » est considéré généralement comme une idéologie « identitariste » et elle est fréquemment assimilée à celle des « identitaires » de droite ou d’extrême-droite ce qui n’est pas pertinent parce que si la théorie « wokiste » enferme certaines catégories de personnes dans des identités dont elles ne pourraient soi-disant s’extraire (les Blancs notamment), elle a inventé par ailleurs la notion d’identité « fluide » (« fluidité » du genre dont on pourrait changer à volonté) ; or, une identité « fluide » est le contraire d’une identité pensée comme une essence ! Nous sommes là dans une des contradictions du « wokisme » qui le rendent parfaitement absurde. A contrario, pour les « identitaires » l’identité est une essence inaltérable qui est tout sauf « fluide » et qui traverse les siècles tout en restant inchangée, ce qui est une idée fausse ; une telle identité n’existe pas (l’identité biologique des peuples elle-même change, du fait des flux génétiques). L’identité d’un peuple (c’est cette identité qui intéresse les « identitaires ») change en permanence ; par exemple, le peuple français, qui fut très catholique, est devenu en soixante ans un peuple majoritairement agnostique et il en va de même dans tous les domaines. Les « Identitaires » et les « Wokes » ne partagent donc pas une même idée de l’identité ; seule l’idée selon laquelle les Blancs seraient condamnés à une infériorité insurmontable, qui se traduit par leur racisme et le « racisme systémique » de leurs États et de leurs institutions, est comparable à l’identité essentialisée des Identitaires. Les autres identités, celles des femmes, des « racisés »……seraient des constructions sociales « fluides ».

Le wokisme est une nouvelle forme d’émancipationnisme qui a pour objectif  non pas la seule émancipation individuelle mais aussi l’émancipation de certaines catégories qui sont  considérées comme opprimées (femmes, homosexuels, Noirs, Musulmans….). La démarche « wokiste » ressemble à celle des marxistes qui voulaient émanciper la classe  ouvrière en luttant sans concession contre la classe qui oppressait cette dernière, à savoir la bourgeoisie. Dans les deux cas, il s’agit de combattre l’oppresseur et d’inverser le sens de la domination. On sait ce que ce genre de démarche a provoqué dans les États communistes. La similitude des démarches ne signifie pas que le « wokisme » est une nouvelle mouture du marxisme-léninisme mais les « wokistes », qui veulent punir et soumettre les responsables de tous les malheurs de l’humanité, à savoir les mâles blancs, ont des comportements qui ressemblent  beaucoup à ceux  des Gardes rouges maoïstes.

Le wokisme est une variante déroutante de l’émancipationnisme parce que se trouvent associées dans cette étrange idéologie à la fois la négation des différences naturelles les plus évidentes, comme celles qui existent entre hommes et femmes, différences que les « Wokes » considèrent comme étant des constructions sociales alors qu’elles reposent d’abord sur des différences biologiques, et l’enfermement de certains humains, les Blancs, dans une catégorie close et essentialisée de laquelle ils ne pourraient s’échapper, ce qui est parfaitement contradictoire. Ils affirment que les races sont des constructions sociales, mais ils disent aussi que les Blancs seraient par nature des esclavagistes et des exploiteurs de personnes « racisées ». La qualité de « racisé » serait donc une construction sociale tandis que les « Blancs » se distingueraient par leur nature raciste et par l’oppression qu’ils exerceraient spontanément sur les « racisés ». Le wokisme est un tissu de contradictions, une idéologie qui déconcerte totalement les amateurs de rigueur intellectuelle, ce qui est très étonnant parce qu’elle est née et elle se développe dans les universités y compris les plus prestigieuses comme celles de la Ivy League aux États-Unis (Princeton, Harvard….).

Georges Orwell avait très certainement raison de penser que ‘’Les intellectuels sont portés au totalitarisme bien plus que les gens ordinaires » ; ils sont aussi plus portés que le commun des mortels à adhérer à des théories fausses et dangereuses. Les idéologies communistes, gauchistes, fasciste et nazie ont séduit de très nombreux intellectuels. Le spécialiste contemporain du nazisme qu’est Johann Chapoutot a montré que le NSDAP a recruté massivement parmi les universitaires, y compris des professeurs aussi prestigieux que Martin Heidegger et Carl Schmitt, et que le nombre considérable de docteurs en droit qui adhérèrent à la SS contredit la thèse selon laquelle les nazis n’étaient que des gens incultes et stupides. La vogue que connaît le « wokisme » dans les milieux universitaires n’est donc pas si étonnante qu’il n’y paraît.

Le discours « wokiste » est truffé de sophismes très élaborés dont la contestation est difficile au cours d’un débat parce que les « Wokes », en les enchaînant les uns derrière les autres, ne laissent pas le temps à leurs contradicteurs de démontrer la fausseté de chacun d’entre eux. C’est une technique aussi efficace et redoutable qu’intellectuellement malhonnête qui ne les dérange pas moralement ; leur but est d’écraser le contradicteur.

La théorie du genre  est le cœur de l’idéologie woke

La théorie du genre fut la première étape dans le processus d’élaboration du « wokisme » ; c’est cette théorie, qui  s’oppose frontalement à la science et à la réalité elle-même, qui a ouvert la voie à toutes les autres théories concoctées par les « Wokes ». ‘’Les autres composantes de l’idéologie « wokiste », les théories de la race et de l’intersectionnalité, avec en France ses variantes indigénistes ou dé-coloniales, ne sont qu’accessoires par rapport à la théorie du genre qui est le vrai mystère, en un sens religieux, de cette nouvelle religion’’ (« La religion woke » ; page 26).

’Le premier auteur qui a employé, en 1955, le terme de « genre » dans son sens contemporain est le psychologue John Money. Money avait été formé dans une tradition béhavioriste, qui expliquait que pour étudier l’homme, il faut distinguer entre « nature » et « culture » et qui soutenait que la culture est plus influente que la nature. L’essentiel des comportements ne tient pas à l’instinct mais à l’acquis. J.B.Watson, le fondateur du béhaviorisme, expliquait qu’il lui serait possible de fabriquer des enfants à volonté, en fonction de l’éducation qui leur serait donnée. Watson s’exprimait très clairement : « Donnez-moi une douzaine d’enfants sains, bien constitués et l’espèce de monde qu’il me faut pour les élever, et je m’engage, en les prenant au hasard, à les former de manière à en faire un spécialiste de mon choix, médecin, commerçant, juriste et même mendiant ou voleur…..’’ (« La religion woke » ; page 107). On retrouve là l’idée de « tabula rasa » chère  à Condorcet. Le comportement et la psychologie des humains seraient des produits de la seule éducation. Cette idée a été reprise par toute la famille progressiste et a inspiré les communistes soviétiques et les sociaux-démocrates scandinaves tout comme le « soviet » ministériel qui impose le « la »  à notre système éducatif. John Money, conformément à l’idée béhavioriste, pensait qu’il est possible de modeler, par un conditionnement  adapté, l’identité sexuelle des enfants et il s’est livré à une tentative, sur un jeune garçon, qui a échoué lamentablement contrairement à ce que disait Money qui se vantait de la réussite de son expérience ! En 1973, dans un article publié dans le New York Times,  qui relatait la démonstration faite par Money, J.L.Collier écrivit : ‘’Si vous dites à un garçon qu’il est une fille et que vous l’éduquez comme une femme, il voudra se comporter en femme’’. Mais, en fait, l’expérience de Money fut un échec total et le garçon, David Reimer, continua de se comporter comme un garçon. Les progressistes sont coutumiers de ce genre de faits ; Bruno Bettelheim, qui était un auteur de référence entre 1970 et 1990, était persuadé que l’autisme était une maladie liée à l’environnement social et qu’on pouvait soigner les personnes qui en étaient affectées en les faisant vivre dans un environnement ad hoc. Nous savons que Bettelheim n’a jamais guéri ses malades et que l’autisme est une maladie dont les origines sont principalement génétiques.

Elisabeth Badinter a consacré un livre à l’instinct maternel dans lequel elle affirmait qu’il n’est qu’une légende. En fait, l’instinct maternel a un nom : ocytocine. L’ocytocine est une hormone qui est à l’origine de la lactation mais aussi de l’attachement très fort de la mère à son enfant. Les biologistes, ont ruiné, là aussi, une théorie qui était accréditée par la caste des intellectuels de la Rive gauche.

Les progressistes ont horreur des déterminations qui échappent à la volonté, au choix individuel. Ils ont donc imaginé que les êtres vivants sont essentiellement conditionnés par leur environnement et donc conditionnables. C’est l’idée de la « tabula rasa » chère à nos révolutionnaires, et tout particulièrement à Condorcet, mais aussi à la prêtresse libertarienne, Ayn Rand.

Le biologiste Yves Paccalet, qui adhérait aux thèses progressistes mais qui a été amené par l’étude et  l’observation des animaux à remettre en cause ses convictions,  a écrit, dans un ouvrage intitulé « L’humanité disparaîtra, bon débarras ! », que la nature est fasciste ! Il voulait dire que la nature est conforme à ce que pensent depuis longtemps ceux qui s’opposent aux thèses progressistes (qu’il assimile aux fascistes ! ). Les êtres vivants ne sont pas modelables à volonté par un simple conditionnement et la nature humaine résiste au projet progressiste d’amélioration des humains par l’éducation et cela lui semble insupportable, au point d’espérer la disparition des humains.

Le psychologue américain Robert Plomin, qui enseigne au King’s College de Londres, a écrit dans un livre très récent (« L’Architecte invisible ») que les traits comportementaux et psychologiques des humains sont déterminés par la génétique à hauteur de 50% en moyenne. De plus, ces traits sont déterminés à hauteur de 40% par des aléas de nature biologique, génétique (mutations), environnementale…., non liés à l’éducation. Cette dernière n’aurait donc que peu d’influence sur les dits traits (moins de 10% selon le psychologue canadien Steven Pinker). Le progressisme est une idée creuse qu’il faut distinguer des progrès scientifique, technique et industriel qui, eux, sont incontestables et qu’on peut bien sûr aimer ou, au contraire, détester.

Christopher Lasch avait déjà noté que ‘’Les classes intellectuelles se sont séparées non seulement du monde commun qui les entoure mais aussi de la réalité elle-même’’ (« La révolte des élites et la trahison de la démocratie ») et Joshua Mitchell pense que ce qu’il appelle la « classe numérique »  est de plus en plus étrangère aux « travailleurs du monde réel » et que le rêve de cette « classe numérique » est celui d’un monde sans limites d’aucune sorte et notamment sans limites biologiques (le sexe ; la mort et toutes les limites  naturelles que nous impose notre corps) ou communautaires (appartenance et attachement à une communauté de naissance) ; elle aspire à l’immortalité et à l’ «augmentation» artificielle de ses aptitudes notamment intellectuelles. Dans un de ses livres, Pierre-André Taguieff a appelé cela l’émancipationnisme ; c’est la volonté d’échapper à toute forme de contrainte,  c’est-à-dire, en fait, au réel, par exemple aux limites et aux contraintes que nous imposent notre qualité d’êtres biologiques : ‘’Grâce à l’invention du transgenre, la théorie du genre annonce une promesse inouïe, celle de pouvoir changer de sexe ou de genre à volonté. Avec cette utopie de la « fluidité » de genre, l’idéal d’émancipation universelle serait porté à son terme : il serait possible de se libérer radicalement de ce dont nous sommes le plus esclaves, notre corps’’ (« La religion woke » ; page 104).

Le « wokisme » ressemble beaucoup à la prétendue « science prolétarienne » des Soviétiques qui s’est traduite dans le domaine de la biologie par la théorie du technicien en agronomie Lyssenko qui pensait avoir prouvé la transmission des caractères acquis et ruiné la théorie « bourgeoise » de l’hérédité. En appliquant sa théorie fausse dans son domaine, l’agronomie, il provoqua un désastre agricole qui fut nié pendant longtemps y compris par le PCF et ses compagnons de route. Les théories des « Wokes » sont similaires mais elles recèlent beaucoup plus de contradictions que n’en recèle l’idéologie communiste. Jean-François Braunstein souligne aussi la parenté du « wokisme » avec la gnose : ‘’La théorie du genre ressemble alors beaucoup à la gnose, cette hérésie chrétienne du IIe siècle qui considérait que le corps, comme le monde matériel, c’est le mal dont il faut nous libérer’’ (« La religion woke » ; page 116).

La théorie du genre est une théorie du refus des différences qui existent entre les humains. La première de ces différences étant celle qui existe entre hommes et femmes, ils ont consacré une grande partie de leurs efforts à faire la démonstration de l’inexistence d’une telle différence. Cette obstination fanatique a abouti entre autres choses à l’idée d’une modification de la langue qui vise à en faire un véhicule neutre sexuellement (non « genré », dans leur  sabir). L’écriture dite « inclusive » qu’ils tentent d’imposer partout et tout d’abord dans les universités, est une monstruosité qui dénature en profondeur ce qui constitue le cœur de notre culture.

Un antiracisme paradoxal et insensé

Le mouvement « wokiste » se dit antiraciste tout en étant obsédé par les races et notamment par la race blanche qui génèrerait naturellement le racisme. Seuls les Blancs seraient racistes, à la différence des autres humains, les « racisés » dans la terminologie des « Wokes », qui en seraient totalement exempts. Précisons que pour les « Wokes », les Blancs sont exclusivement européens ou d’origine européenne ; les autres populations blanches mais non européennes (Arabes, Turcs, iraniens, Afghans….) seraient elles aussi « racisées » par les Européens d’Europe et d’outre-mer. Pour eux les races n’existent pas et sont des constructions sociales mais les humains de race blanche sont racistes par nature, et ce, de manière immuable. Comprenne qui pourra ! Ce discours est absurde mais c’est sans doute pour cette raison que certains y adhèrent ; comme le disait Tertullien, un Père de l’Église du IIIe siècle : ‘’Je crois parce que c’est absurde’’ et Jean-François Braunstein a écrit : ‘’Il m’est apparu brusquement que si ces universitaires adhèrent à de telles théories, ce n’est pas en dépit de leur absurdité mais justement parce qu’elles sont absurdes’’ (page 24).

‘’Cet «antiracisme » nouveau et étrange s’articule principalement autour de deux notions, celle de « racisme systémique » et de « privilège blanc ». Parler de « racisme systémique » suppose que les Blancs sont nécessairement racistes, que cela ne dépend aucunement de leur décision et de leur responsabilité individuelle » (« La religion woke » ; page 162). Quant au « privilège blanc », il serait lié à la « blanchité » et nul Blanc ne pourrait se défaire de ce privilège ; ainsi la militante Barbara Applebaum pense que ‘’Le point pertinent, pour l’instant, est que tous les Blancs sont racistes ou complices du fait qu’ils bénéficient de privilèges auxquels ils ne peuvent volontairement renoncer’’. En fait, un tel point de vue relève précisément du racisme, le vrai, mais cela n’est que très rarement pointé du doigt : ‘’Là aussi, rares sont ceux qui osent rappeler que définir un être humain par la couleur de la peau et en faire ainsi un coupable ou une victime éternels, c’est ce que l’on appelait naguère du racisme’’ (« La religion woke » ; page 165). Mais cet argument ne gêne en rien nos antiracistes racialistes parce que leur théorie n’est pas de l’ordre de la raison mais de celui de la croyance. Dans la remarquable vidéo réalisée dans l’université Evergreen aux États-Unis, un étudiant « wokiste » dit : ‘’Arrête de raisonner, la logique c’est raciste’’ ! La « théorie critique de la race » est indémontrable mais ses partisans n’en ont que faire ; bien au contraire, le fait qu’elle soit indémontrable interdit toute contestation argumentée et rationnelle. Cela lui donne énormément de force et c’est sans doute une des raisons de son succès. Les « Wokes »  ont l’habitude de tenir des propos de ce type, ainsi  Sandrine Rousseau a dit récemment : ‘’Le monde crève de trop de rationalité, de décisions prises par les ingénieurs. Je préfère des femmes qui jettent des sorts plutôt que des hommes qui construisent des EPR’’ (Charlie Hebdo, 25 août 2021) !

Une idéologie marquée par ses origines protestantes américaines

Le mot « woke » évoque les « réveils religieux » qui ont marqué les États-Unis aux XVIIIe et XIXe siècles et dont certains historiens pensent qu’ils ont influencé les indépendantistes américains presqu’autant que la philosophie des Lumières. L’historien du protestantisme, Joseph Bottum,  situe le mouvement « woke » dans le prolongement du protestantisme américain ; ‘’Il corrèle cette montée d’un néo-protestantisme avec l’effondrement du protestantisme américain traditionnel………La religion protestante se serait reportée sur la sphère sociale, notamment sous l’influence du mouvement du « Social Gospel », initié par Walter Rauschenbusch au début du XXe siècle : le péché ne serait désormais plus personnel, il résiderait dans l’injustice sociale ou le militarisme’’(« La religion woke » ; page 45).

On pourrait penser que, compte tenu de l’absurdité des thèses « wokistes », les militants de ce vaste mouvement auraient un niveau culturel très bas mais il n’en est rien ; le plus souvent ce sont des Blancs issus des milieux privilégiés et élitaires. Ce qui étonne le plus, c’est que ce mouvement est essentiellement d’origine universitaire et que, en dépit de cela, il bafoue totalement le Code américain de l’éducation (neutralité politique, religieuse et idéologique ; objectivité du savoir ;  respect de la diversité des opinions ; liberté de création et de critique). Plus étonnant encore est le soutien total qui lui est apporté par les GAFAM qui appartiennent aux Américains contemporains les plus emblématiques, les plus influents et les plus riches. Les GAFAM diffusent avec ferveur cette nouvelle idéologie et ‘’les wokes sont en quelque sorte le clergé de ces nouveaux féodaux’’ (« La religion woke » ; page 54), ce qui est très inquiétant, compte tenu des moyens considérables dont ils disposent. Notons que comme l’avait souligné Machiavel, les inégalités de richesses se traduisent in fine par des inégalités politiques. Les GAFAM nous imposent leurs idées de manière parfaitement arbitraire, ce qui va totalement à l’encontre des principes républicains lesquels sont incompatibles avec les inégalités insupportables que les sociétés libérales génèrent.

Il faut souligner la très grande importance qu’accordent les « Wokes » à l’aveu de la faute et du péché, à la pureté et à la souillure ; il est évident que le « wokisme » est inspiré par le protestantisme américain. Ainsi les « Wokes » dénoncent de manière systématique ceux qui n’adhèrent pas à leurs idées ; leurs ‘’…dénonciations ne peuvent bien sûr qu’évoquer le souvenir de périodes d’intolérance récentes, comme la révolution culturelle chinoise. Mais cette volonté de « purger les impurs » rappelle aussi l’intolérance de la société puritaine américaine du XVIIe siècle, qui avait été dénoncée en 1850 dans « La lettre écarlate » de Nathaniel Hawthorne’’ (« La religion woke » ; page 75).

 Au cours de leurs « cérémonies, les « Wokes » s’agenouillent pour demander pardon aux « racisés » pour leurs péchés ou pour ceux de leurs ancêtres. Joshua Mitchell, le spécialiste de Tocqueville, évoque un « Great Awakening », un Grand Réveil comme ceux des siècles passés mais le «wokisme » ne fait pas référence à quelque dieu que ce soit et il n’accorde pas de pardon aux Blancs ; Chantal Delsol à écrit dans « La fin de la Chrétienté » que le « privilège blanc » serait indélébile, comme le péché originel en somme. Le « privilège blanc » étant indépendant de tout ce que pourrait faire ou vouloir le Blanc, il serait donc peut-être de nature biologique à moins qu’il ne soit immatériel et, dans ce cas, parfaitement mystérieux ! Quoi qu’il en soit, nous sommes là dans la déraison qui est la marque de fabrique du « wokisme ».

’La situation actuelle n’évoque pas tant la montée du communisme, très souvent évoquée, que l’émergence du christianisme, au soir du monde antique. Les wokes entendent pour leur part rejeter la science en bloc, ils refusent le langage ordinaire et nient même l’existence de la réalité commune. Nous sommes face à un changement extrêmement radical : il ne s’agit pas simplement d’une nouvelle idéologie mais d’une nouvelle croyance, d’une nouvelle religion. Certains auteurs américains sont persuadés qu’il s’agit là de la « prochaine religion américaine » qui veut effacer toute la mémoire historique de la civilisation, comme le christianisme devenu religion d’État au IVe siècle avait voulu effacer l’ensemble du « monde gréco-romain »’’ (« La religion woke » ; page 28 ; les parties entre guillemets sont tirées d’un article de M. Vlahos intitulé « The Next American Religion »). Il est donc très difficile de combattre un tel mouvement parce que les meilleurs arguments et la réalité elle-même n’ont aucune influence sur les « Wokes ».

Les « Wokes » utilisent des méthodes terroristes

Les « Wokes » veulent « effacer » ceux qui s’opposent à leurs théories ; ils veulent interdire d’expression tous leurs adversaires et, pour cela, ils utilisent tous les moyens à leur disposition, sans retenue. Ce que nous pouvons appeler la secte «  wokiste », en raison de la similarité que présente son comportement avec celui des sectes gnostiques, impose une tyrannie  insupportable. Le « wokisme » est très clairement incompatible avec l’idéal républicain qui affirme le respect de tous ainsi que la liberté de pensée et d’expression. Une république est un système dans lequel il revient à la majorité de prendre les décisions après que le peuple (directement ou via ses représentants) ait débattu, ce n’est pas un régime dans lequel une minorité de fanatiques cherchent à imposer leurs idées farfelues en terrorisant la majorité. Le mot « terreur » n’est pas excessif puisque les « Wokes » menacent leurs adversaires de les tuer socialement, dans le monde universitaire tout particulièrement, en les accusant de fascisme, de racisme….. et en exerçant des pressions sur les comités de lecture des revues universitaires et scientifiques ou sur les maisons d’édition. Il est difficile de dire si le mouvement « wokiste » est un mouvement totalitaire mais, comme l’a écrit Nathalie Heinich, il crée une « atmosphère totalitaire ».

Nous avons souligné les similarités que présente ce mouvement avec les mouvements communistes mais nous pouvons aussi signaler ses ressemblances avec le mouvement écologiste. Ce dernier, au nom d’une urgence non démontrée et d’un prétendu consensus scientifique qui n’existe pas, contrairement à ce qui est dit en boucle par les médias de masse, a réussi à imposer la théorie du GIEC et à interdire d’expression tous les contradicteurs de cette dernière, ce qui est scandaleux dans un pays prétendument républicain. Quoi qu’on pense de cette théorie, tous les citoyens d’une république doivent pouvoir s’exprimer à son sujet. Or, les écologistes ont réussi à imposer l’idée d’une urgence climatique qui permet de justifier la mise à l’écart de tous leurs contradicteurs. De toute évidence, nous ne sommes pas en république !

On trouve donc dans  le mouvement « woke » des comportements communs aux écologistes d’extrême-gauche et aux gauchistes qui interdisent d’expression tous ceux qui, dans la sphère universitaire, refusent de s’aligner sur les théories égalitaristes, comme l’a signalé le psychologue Robert Plomin dans son dernier ouvrage (« L’Architecte invisible »), mais aussi à nos révolutionnaires qui pensaient, à l’instar de  Louis-Antoine de Saint-Just,  qu’il ne devait pas y avoir de liberté pour les ennemis de la liberté !  Soulignons que la parenté des « Wokes » avec les révolutionnaires est tout sauf anecdotique puisque, comme ces derniers, ils pensent qu’il n’y a pas de nature humaine (les révolutionnaires pensaient, en général, que l’être humain est une « tabula rasa » lors de sa naissance et que tous ses traits comportementaux et psychologiques étaient des constructions sociales) ; en particulier, selon eux, le sexe ne détermine en rien le comportement et la psychologie des humains  et qu’il est donc possible de l’ignorer, de choisir son « genre » et d’en changer à volonté, ce qui, une fois encore, est complètement absurde.

Notons que les multinationales et leurs propriétaires sont aussi engagés en faveur de la théorie du GIEC  qu’ils le sont en faveur de celles des « Wokes », ce qui est troublant.

Le « wokisme » est-il une nouveauté absolue ?

Selon J.F. Braunstein, le rapprochement qui est parfois fait entre le wokisme et la « French theory » (Foucault, Derrida, Lyotard) n’est pas fondé parce que ces auteurs ont remis en cause la notion même d’identité, y compris individuelle, tandis que les « Wokes » ont recours à des identités qui sont parfois essentialisées (celle des Blancs notamment) tout en étant, par ailleurs, des individualistes radicaux (chacun doit pouvoir se construire, se déconstruire et se reconstruire à volonté selon ses désirs). La singularité du « wokisme » réside dans ses contradictions, ses néologismes et ses sophismes qui s’ajoutent à ses idées fausses, par exemple à la négation des déterminismes d’origine biologique. Hormis les identités catégorielles qui lui sont spécifiques, le « wokisme » partage l’essentiel de ses idées avec les autres progressistes idées ; l’individualisme et l’émancipationnisme ne lui sont pas propres. Notons que les identités définies par les « Wokes » ne sont pas celles de peuples ou de nations mais des identités de catégories transversales (les femmes, les femmes noires, les « racisés », les victimes de la colonisation, les grosses personnes, les infirmes….) qui sont traitées comme des minorités que les « Wokes » veulent protéger de leurs oppresseurs. La pertinence de cette classification en catégories antagonistes est très faible, et parfois nulle, mais elle permet aux « Wokes » de justifier les combats sans concession des luttes « intersectionnelles » que les « Wokes » tentent d’organiser en associant ces catégories pour lutter contre le pouvoir détenu par les « mâles Blancs de plus de cinquante ans ». L’idée de départ, à savoir la dénonciation des comportements malveillants visant certaines personnes, est honorable mais la perversion de cette idée réside dans sa systématisation et sa radicalisation. Les idéologues ont la fâcheuse habitude de pousser les idées jusque dans leurs ultimes conséquences ; or, les idées y compris les meilleures, comme la liberté et l’égalité, deviennent folles quand on les pousse jusqu’au bout de leur logique propre.  L’idée d’émancipation, qui est au cœur du « wokisme », et qui est soutenable jusqu’à un certain point, devient un poison violent, comme l’avait bien compris Machiavel, quand on pousse la logique de l’émancipation à l’extrême. C’est très exactement ce que font les « Wokes » comme avant eux, les progressistes qui les précédèrent. Et ils vont si loin dans leur volonté d’émancipation qu’ils en viennent à nier la nature humaine et le réel.

Les « Wokes », comme les révolutionnaires français puis les bolcheviks, les communistes, les gauchistes, les fascistes……, exagèrent en toutes choses et ils sont incapables de penser autrement qu’en noir et blanc. Ils n’ont aucun sens de la nuance et de la mesure tout comme les militants communistes, gauchistes, nazis et fascistes qui pratiquaient aussi le harcèlement et même, dans certains cas, les agressions physiques. Le « wokisme » est une nouvelle mouture particulièrement ahurissante des idées progressistes dont les intentions premières sont bonnes mais dont les prolongements intellectuels et la concrétisation sont détestables. ‘’L’enfer woke est pavé de bonnes intentions’’ a écrit Nathalie Heinich dans le sous-titre de son livre mais cela n’est pas nouveau non plus, les enfers que furent la France révolutionnaire, l’Union soviétique et l’Allemagne hitlérienne étaient pavés de bonnes intentions à l’endroit du genre humain, du prolétariat mondial et des peuples de « race germanique ».

Que faudrait-il faire pour lutter contre le « wokisme » ?

Il semble que la lutte contre le « wokisme » doive être menée sur plusieurs plans : au plan politique, au plan académique et au plan culturel.

Au plan politique parce que le militantisme « wokiste » enfreint certains principes républicains essentiels comme la liberté de pensée et de s’exprimer ainsi que la sécurité (physique mais aussi psychologique) des citoyens. Les politiques ont le devoir de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour mettre un terme au développement de ce nouveau délire gauchiste, notamment en interdisant l’écriture inclusive dans tous les documents officiels et dans les établissements d’enseignement, et en punissant sévèrement tous les actes ayant pour objectif d’empêcher certains de s’exprimer sous prétexte que ce qu’ils pensent déplaît à une minorité tyrannique.

Au plan académique parce que les « Wokes » nient certains acquis scientifiques, qu’ils récusent même la méthode scientifique et qu’ils introduisent et cherchent à imposer dans le milieu universitaire une démarche purement idéologique qui est contraire à l’éthique de responsabilité sans laquelle il ne peut y avoir de travail scientifique. Les instances universitaires doivent empêcher la dérive en cours qui menace la qualité de l’enseignement et de la recherche universitaires. Les auteurs « Wokes » du harcèlement dont sont victimes de nombreux professeurs, qui dans certains cas sont poussés à la démission (Braunstein dixit), mais aussi des étudiants, doivent être sévèrement punis.

Enfin, le combat contre l’idéologie « wokiste » doit être mené au plan culturel. Les idées propres à cette idéologie doivent être disséquées et finement analysées de façon à pouvoir construire des contre-arguments de qualité. La perversité et la fausseté de l’idéologie « wokiste » doivent être dénoncées autrement que par des injures, des invectives et des raisonnements approximatifs. Les réseaux sociaux ont certainement un rôle important à jouer dans ce combat contre cette nouvelle maladie de l’esprit ; il ne faut pas compter sur les médias de l’oligarchie qui sont très complaisants à l’égard des « Wokes ». 

Nota concernant l’illustration :  les grandes firmes diffusent l’idéologie « woke » comme elles diffusent toutes les idées progressistes adoptées par l’oligarchie mondialisée.

Le jean Levi’s se doit désormais d’être non « genré », neutre culturellement et sans taille, pour faire oublier qu’il y a de grandes différences de tour de taille entre les humains ! Ce jean est présenté comme étant celui d’une génération qui défie les étiquettes et la légende de la publicité est on ne peut plus claire  : « Levi’s a entendu dire que si tu n’es pas « woke », c’est mauvais » !

BG
Author: BG

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